L’UNIVERS DES MATERIAUX / ARCHITECTURES ET MATERIAUX Kaynak : 05.12.1989 - Lyon Centre Infobâtir'de Seminer Konuşması | Yazdır

La construction est l’une des activités humaines les plus anciennes. Depuis l’existence de l’homme il y a eu toujours une activité de construction. Et nous savons que la construction est une des constituants de l’architecture, les autres étant l’esthétique (ou la forme ) et la fonction .Il est bien sûr que les matériaux constituent la partie fondamentale, l’essence de la construction et de la technologie.Il ne faut pas oublier que la technologie, qui a toujours, elle aussi influencé la forme des bâtiments. Les architectes de toutes les époques se sont inspirés des possibilités techniques des matériaux. Parthénon et la cathédrale gothique, tous les deux, sont le produit d’une technique spéciale .

L’homme, longtemps a vécu primitivement en utilisant les moyens de la nature, dans les cavernes s’il a eu la bonne chance d’en trouver une, puis en pleinair dans les huttes qu’il a construites en branches d’arbres couvertes de feuilles ou de peaux d’animaux. Mais il n’a pas negligé de construire des monuments mégalithiques comme les menhirs, dolmens et cromlecks.

Plus tard il a utilisé successivement l’argile et la pisé, la pierre et le bois. D’une part il a essayé de résoudre le probléme d’abri, d’autre part il a continué à créer des monuments comme les temples, les pyramides égyptiennes. La construction massive en pilant les matériaux constitue une caractéristique qui est commune à toutes les architectures archaiques.

Dans chaque période, l’architecture a eu des fonctions diverses. Dans l’Egypte ancienne c’est une architecture des tombes. La période, grecque c’est pour des temples. Rome a créé les amphithéatres , Les thermes, les ponts, les aqueducs.

Le Moyen Age : une architeture religieuse et militaire

La Renaissance : les palais

XIXè siècle : les maisons à loyer (en Europe)

XXè siècle : les fonctions tout-à-fait différentes: bâtiments industriels, ensembles résidentiels etc.

Le temple grec est une grande sculpture. Les éléments du temple grec sont un soubassement surélevé, sur lequel s’appuient une série de colonnes surmontées d’un entablement continu qui supporte le toit dont la construction est en bois. Ainsi le système de la construction grecque pouvait être résumé en colonnes + plates-bandes.

Les Romains ont couvert les grandes espaces avec la voûte ou la coupole. L’arc était inventé par les assyriens mais ils l’avaient utilisé très peu parce qu’il ne possedaient pas suffisamment de pierre pour construire les arcs. “Que l’arc ait existé en Egypte et la voûte en Orient plus tôt qu’à Rome, est certes intéressant; mais on ne peut nier que les architectes romains ont su utiliser ces arcs et ces voûtes pour concevoir des espaces et des échelles” (1). L’arc est largement utilisé par les romains et ils ont aussi le mérite d’être le premier à l’utiliser entre deux colonnes. Les romains utilisaient aussi une espèce de ciment avec lequel ils préparaient une sorte de béton. Par exemple la coupole de Panthéon est construite avec ce béton. La pierre et la brique étaient les autres matériaux utilisées par les romains. En utilisant ces matériaux et ces moyens, les romains ont construit les grands thermes, les amphithéatres, les palais, les ponts et les aqueducs dont vous êtes à Lyon les vrais témoins. Les romains n’étaient, peut-être pas de bons artistes mais ils étaient de bons ingénieurs.

L’architecture gothique avec les croisées d’ogive et les arcs-boutants a supprimé des voûtes et des murs toute matière superflue. Dans l’architecture gothique la technique de la croisée d’ogive a reduit les pressions latérales; “les arcsboutants et les contreforts sont devenus des bras musculeux capables de canaliser eux-mêmes les efforts “(2). On peut dire que l’oeuvre gothique a lutté contre la matière. Mais il ne montre pas un progrès technique dans la manière de construire un édifice. Ce sont les mêmes matériaux qui sont employés et toujours avec les mêmes méthodes.

“L’art de la Renaissance ne montre non plus aucune innovation sensationnelle dans la construction. Le Dôme de Florence, aussi bien que Saint Pierre de Rome sont des applications colossales de principes architecturaux connus depuis longtemps. Et nous parlons là de grands travaux qui ont porté la marque d’un style nouveau, mais les maisons rurales, par contre, n’ont commencé à subir l’influence des styles qu’au 18 ème siècle” (3).

Avec la révolution industrielle la structure de la société européenne a perdu son équilibre social et dans ce chaos la nouvelle classe, la bourgeoisie a préféré une architecture éclectique. Ainsi l’architecture de 19 ème siècle n’est qu’une architecture de répétition des formes anciennes.

D’autre part le 19 ème siècle est un siècle des inventions industrielles. L’acier et le béton qui sont les matériaux fondamentaux de l’architecture du 20 ème siècle sont les produits du 19 ème siècle.

Les nouveaux matériaux, les nouvelles possibilités technologiques, les changements de la structure sociale et les nouveaux besoins, les nouvelles fonctions de la civilisation secondaire n’ont pas tardé d’éxiger et de former une nouvelle architecture: l’architecture moderne.” Ce que l’on appelle l’architecture moderne est pourtant né, dans les dix dernières années du 19 ème siècle et les premières années du 20 ème, d’une prise de conscience par certains architectes, de la puissance des ingénieurs et de grandes entreprises. Leur réaction a été violente et ils ont aussitôt pensé que I’habitat devait bénéficier des progrès techniques”(4),

Il vaut la peine de voir de plus près les matériaux de cette architecture nouvelle “Le fer en tant que matériau façonnable est connu depuis presque cinq mille ans comme en temoignent les découvertes faites en Mésopotamie et en Egypte. Les méthodes de fabrication étaient cepentant si primitives que le fer ne pouvait être produit qu’en quantités très limitées restait un métal précieux dont l’emploi ne pouvait être envisagé pour la construction” (5). Son emploi s’était réduit à agrafer et fixer la maçonnerie. C’est au 16 ème siècle que le procédé de hautfourneau est appliqué pour la première fois pour la production de fer fondu.

On commença à utiliser le fer pour la construction à un moment où l’inspiration créatrice semblait s’appauvrir. Il était donc naturel que l’on attendit une rénovation, un rajeunissement de ce matériau. En 1850 Théophile Gautier disait:

“On crée une architecture caractéristique dès lors que l’on utilise un produit nouveau, fourni par la nouvelle industrie. L’ emploi du fer permet et impose de nombreuses formes nouvelles comme on peut en observer dans les gares, dans les ponts suspendus et dans les voûtes des jardins d’hiver”. Ces espoirs furent d’abord déçus. L’emploi d’un matériau de construction nouveau contient bien en soi la possibilité d’un nouveau langage formel mais à condition que la volonté créatrice tende à en tirer parti. Ce ne fut pas le cas dans la première partie du 19 ème siècle ni même dans les années qui suivirent. En outre le fer, tel que nous l’utilisons aujourd’hui existe depuis la mise en oeuvre des procédés Bessemer (1855) et Thomas (1879). Dans la plupart des oeuvres de cette période où le fer est employé, c’est avec un accompagnement de motifs décoratifs empruntés aux formes du passé, par exemple, le pont à Coalbrookdale en Angleterre. Ce pont marque la première utilisation importante du fer dans la construction.

C’ est là en effet, qu’on établit une structure de fonte, d’une portée de 30m environ, à travers le Savern. Dessiné par T.F.Pritchard et fabriqué par Abraham Darby, dans les fonderies de Coalbrookdale, ce pont a été construit de 1775 à 79 et avec ses arches en demi cercles, traduisait audacieusement le principe de l’arche de maçonnerie dans le nouveau matériau. Il est vrai que la résistance en traction du fer coulé est faible.

En 1851, Sir Joseph Paxton a construit le “Crystal Palace” à Londre à Hyde Park. C’était un bâtiment en verre avec les éléments préfabriqués en fonte. En tant que réalisation industrielle cet édifice témoignait des capacités techniques les plus modernes du moment, dans le domaine de la précision, de la standardisation et de la préfabrication. Les plans ont été préparé pendant 9 jours. La construction qui couvrait une superficie de 266.000 m2 a duré seulement six mois.

En 1889, nous voyons la construction de la grande oeuvre de Gustave Eiffel, une tour de 300 m, construite pour l’exposition uiverselle de Paris. Une tour qui est appelée avec le nom de son auteur et qui est constituée de 7000 tonnes de fer.

C’est à Chicago qu’est née l’idée d’utiliser une ossature en acier pour porter des bâtiments à étages. L’acier a fourni l’utilisation d’une structure élastique au lieu d’une structure rigide.

L’invention des procédés de la protection de l’acier contre la corrosion et l’incendie, les moyens de transport et l’utilisation de l’ascenseur et des systèmes de levage ont permi la construction des grattes-ciel. L’histoire des grattes-ciel c’est l’histoire de l’acier. La construction est alors beaucoup plus légère, plus rapide et beaucoup plus organisée. La construction de l’Empire State Building a duré moins qu’un ans tandis qu’il fallait des siècles pour construire une cathédrale gothique.

En 1890 Hennebique et Coignet ont développé l’utilisation du béton armé qui était déjà essayé dans certains petits exemples. Le béton armé a été utilisé pour la première fois en architecture par Anatole Baudot pour le toit de l’église St.Jean de Montmartre. La même année e François Le Coeur a construit un dôme en béton armé à Clair Fontaine (Seine et Oise). Entre 1910 – 1940 les bâtiments en béton armé restent plutôt l’oeuvre d’ingénieurs que d’architectes.

Ces derniers l’ont adopté quand ils ont réalisé que ce matériau permettait de couvrir facilement et économiquement des espaces très larges.

Le béton armé est largement utilisé jusqu’à nos jours sous divers procédés: postcontraint, précontraint, voiles minces et surtout, comme l’élément fondamental de la préfabrication.

Le Corbusier avait lancé l’idée de l’industrialisation du bâtiment dans 1es années 30, mais les besoins n’avaient pas atteint un certain niveau et l’industrie,en général n’était pas suffisamment développée.

La technique de l’acier et du béton armé a apporté la possibilité de concentrer les éléments de résistance en une mince ossature. Les murs éxtérieurs sont devenus de légères cloisons suspendues, tantôt de verre, tantôt de matière isolante.

Ainsi le mur en tant qu’enveloppe non portante appartient à l’architecture du 20 ème siècle.

Même si l’acier et le béton armé semblent toujours être les seuls matériaux structurels de notre temps, l’aluminium, le verre et les plastiques ont contribué à la création et au développement de l’architecture du 20 ème siècle. Je voudrais noter aussi l’apparition d’un nouveau matérieau : le textile, qui me semble être porteur de beaucoup d’espoir pour toutes les formes d’architecture actuelle.

Au 20 ème siècle la construction est devenue une activité beaucoup plus complexe “Gropius enseigna qu’à une époque de spécialisation technique l’architecte est celui qui maintient la liaison entre les domaines spécialisés, ce qui implique que sa formation lui permette de comprendre ces techniques.

Le travail d’équipe lui apparait comme le seul moyen de répondre à l’ampleur croissante des programmes et à la compléxité croissante elle aussi des servitudes et des équipements” (6).

Jusqu’à la fin de la guerre, pour la construction des habitations on utilisait les matériaux locaux. Surtout l’architecture anonyme se servait des matériaux locaux. Seulement pour la construction des monuments et des bâtiments publics importants les matériaux étaient transportés. Au fur et à mesure que les moyens de transport ont augmenté, l’utilisation de matériaux a diversifié.

Jusqu’aux années 1950, par exemple, en Anatolie chaque région avait son architecture anonyme spéciale. L’architecture du Nord se différait de celle du Sud ou de l’Anatolie centrale. La source de cette différence était d’une part l’utilisation des matériaux et des techniques locaux et d’autre part les facteurs climatiques et culturels.

Avec l’urbanisation et l’augmentation des moyens de transport et ainsi, par suite de l’utilisation des mêmes matériaux, les villes ont acquis des aspects similaires. Les différences ésthétiques n’éxistent plus dans les quartiers nouveaux des villes. Ainsi, aujourd’hui, même l’architecture anonyme se sert des moyens universels. Les formes créées de nos jours sont alors très loins de l’influence de la tradition.

Pendant des siècles, on a construit avec des matériaux traditionnels finalement peu nombreux: la pierre, le bois, la brique.. Les technixues étaient simples, les détails étaient bien cannus. Au 20 ème siècle la grande diversité de produits offre des possibilités presqu’infinies de détails. Donc les possibilités sont nombreuses mais le risque est beaucoup plus grand pour les architectes. Je pense d’ailleurs que les architectes devraient travailler plus étroitement avec les industriels, car ils peuvent influencer les produits sur le plan technique, mais aussi sur celui du design, qui est une des plus grandes faiblesses de ces produits actuels.

Mais, au-delà des matériaux mêmes, ce qui est vraiment une grande nouveauté, c’est que les architectes doivent toujours mieux connaitre les possibilités et les limites de tous ces nouveaux matériaux.

Donc un besoin d’information.

C’est justement la raison de l’établissement des centres du bâtiments par tout le monde. Les quarante centres du bâtiment qui se sont multipliés dans différents endroits du monde depuis 1958 s’emploient à les y aider.

(1) B.Zevi, Apprendre à Voir I’Architecture, 1959 p.56
(2)    ”                ”           ”          ”                ”    p.70
(3) M.Ragon, Architecture Moderne,                  p.72
(4)       ”               ”                 ”                           ”
(5) J.Joedicke, Architecture Contemporaine,       p.10
(6)         ”                 ”                   ”                  p.67